Aux dernières nouvelles Covid par exemple (les informations
contradictoires, erronées ou simplement imprécises et approximatives se
succèdent en une théorie infernale tellement rapidement qu'elles nous
donneraient le tournis, indépendamment de l'angoisse qu'elles provoquent et
entretiennent savamment), aux dernières nouvelles donc, le variant anglais
serait, aux dires d'éminents savants virologues infectiologues
épidémiologistes (pour les autres spécialistes qui voudraient faire part de
notions particulières sur ce sujet, ils sont priés de prendre rendez-vous,
comme pour les vaccins, et ils risquent de ne pas être entendus, ou ajournés,
également comme pour les vaccins), le variant anglais serait 30 % plus létal
que son grand frère (j'écris grand frère, c'est un abus de langage, une façon
de parler, il n'est pas plus grand, ni plus gros d'ailleurs, j'aurais plutôt dû
écrire son frère aîné, mais frère ne convient pas trop non plus, ce serait plus
exactement un ascendant : si tu as bien tout compris (ne te vexe pas, parfois
j'en doute), le variant anglais est en réalité un descendant). Cette notion
alarmante, catastrophique, dramatique (le fait qu'il soit plus létal) ne prête
guère à sourire, mais si on l'analyse avec un peu de sang froid, on s'aperçoit
qu'elle est un peu creuse, sans réelle signification, ce n'est qu'une
interprétation sèche de faits bruts avérés qu'il faut tempérer, relativiser à la
lumière d'autres constatations toutes aussi avérées : si je te résume, pour
être clair, on a constaté (en Grande Bretagne) que le variant anglais
entraînait une issue fatale plus fréquemment (30 % par rapport à son
« homologue français » pris en référence), ça, c'est le fait brut. La nuance
qu'il faut y apporter, et que n'ont pas cessé de souligner les spécialistes (les
mêmes que supra, et d'autres), c'est que la prise en charge sanitaire n'a pas
été forcément la même des deux côtés de la Manche (et ce sans vouloir
porter le moindre jugement de valeur, nos systèmes de santé sont
sensiblement différents). Ces mêmes spécialistes s'interrogent encore sur
l'importance qu'il faut accorder à ces différences. Je ne cherche pas à
rassurer, j'essaie seulement de démontrer qu'il n'y a pas là de raison de
s'effrayer inutilement, la situation est suffisamment préoccupante comme
cela, pas la peine d'en rajouter.
Déjà, 30 % plus létal, c'est effrayant comme expression, mais si tu y
réfléchis bien, comme je viens de te l'expliquer, c'est très relatif, on peut
même en sourire (mets-y un peu du tien, la situation est grave mais pas
désespérée !), si tu chopes, par malchance, ce que je ne te souhaite pas le
moins du monde, le variant anglais et que tu en meur(e)s [là, j'hésite un peu,
mais je pense qu'on a le droit d'y mettre du subjonctif, d'où le e que je te mets
entre parenthèses car facultatif, tu as le droit de ne pas être d'accord et de
réclamer, mais prévois de mettre une une enveloppe timbrée pour la
réponse], ce que je ne te souhaite toujours pas, mais avoue que ça ne serait
pas de pot, tu ne seras pas mort à 130 %, ça ne peut pas se faire, et si ça
pouvait arriver, ça ne te ferait comme on dit ni chaud ni froid, ça n'aggraverait
de toute façon pas ton cas.
Mais si tu veux une information aussi exacte mais moins effrayante, tu
te dis que le virus d'origine est 30 % moins létal que le variant anglais (aux
approximations de référence et de calcul près), et là c'est plus supportable, et
surtout c'est faisable : on dit de quelqu'un très mal en point qu'il est à moitié
mort, je ne vois pas pourquoi mort à 70 % ne serait pas possible (et ça fait
plus sérieux que mort à 130 %, et pour le même prix, tu n'es pas vraiment
mort, ce qui ne peut que te réjouir).
Méfie-toi donc des statistiques percutantes et des chiffres annoncés
sèchement, de même que des phrases concises et précises mais sorties de
leur contexte, autant de raisons d'angoisses injustifiées. Un autre exemple
est également démonstratif à cet égard : le dernier vaccin autorisé mis sur le
marché l'a été dans les règles de l'art après des expérimentations (beaucoup
de gens n'aiment pas le mot, mais c'est celui qui convient) convenablement
et régulièrement menées. Les autorités sanitaires responsables ont
simplement fait remarquer que la répartition des âges de la population
inoculée faisait apparaître un petit déficit de seniors, et ne permettait donc
pas de valider à coup sûr les résultats obtenus chez ces trop rares seniors :
une conclusion scientifique sèche en découle : le vaccin n'est pas
recommandé dans ces tranches d'âge. Énoncée sans nuance, c'est assez
pour laisser croire que le vaccin serait inutile, inefficace, ou sans intérêt dans
ces cas. En réalité, il suffirait peut-être d'une (petite) étude complémentaire
pour « réhabiliter » (s'il en était besoin) le produit. En attendant un éventuel
complément d'information, il a paru logique aux autorités de le distribuer chez
des plus jeunes. La conclusion que la plupart des gens en tirent trop vite et
faussement, c'est que ce vaccin ne serait pas adéquat pour les seniors. Dans
ce cas, la statistique n'est pas trompeuse, c'est l'usage et l'interprétation
qu'on en fait qui l'est. [NB : L'OMS vient dernièrement de confirmer que ce
vaccin est tout à fait utilisable et efficace chez les seniors, les réserves
précédemment formulées n'ont donc plus lieu d'être].
Méfie-toi aussi des raisonnements simplistes comme on en entend trop
souvent : « Je vais attendre que mon voisin se fasse vacciner, si tout se
passe bien pour lui, je le ferai à mon tour ». Le mec qui te dit ça n'a pas tout
compris. Pour un vaccin donné, on a vacciné en gros au moins 20 000
personnes, on les a suivies un certain temps pour dénombrer les quelques
effets rencontrés (et en tirer des statistiques justement), et lui, il voudrait, à
partir d'une observation unique (sans valeur autre qu'anecdotique) se faire
une opinion tranchée et péremptoire sur la question ! Ce n'est pas très
raisonnable, ni même logique, mais il y en a que ça ne gêne pas, alors qu'ils
feraient bien mieux de se pencher sur lesdites statistiques, et de décider en
toute connaissance de cause.
Pour changer de sujet (rassure-toi, on reste dans le Covid), nos
autorités sanitaires compétentes judicieuses et avisées viennent de décider
abruptement que les masques faits à la maison étaient désormais hors-la-loi.
Je ne sais pas ce qui a entraîné ce revirement brutal d'attitude envers un
produit qui hier encore avait toute les vertus, et qui aujourd'hui se retrouve
brusquement au ban. Il y en avait pourtant de jolis, des bien faits (pas tous),
et pour ce que j'en sais, pas franchement moins efficaces (quoiqu'en disent
certains beaux esprits apparemment forts de leurs certitudes qui confondent
hardiment et péremptoirement masque et filtre). Si tu ne me crois pas, profite
de la température ambiante actuelle un peu fraîche pour aller te promener
avec un masque chirurgical autorisé, ou même un FFP2 si ça peut te
convaincre, tu verras bien sans trop de difficulté ce que fait la vapeur de
condensation de ton air expiré, et si tu te dis que c'est cet aérosol ainsi
matérialisé qui contient le virus, ça te rendra immédiatement beaucoup plus
circonspect vis-à-vis de la protection presque illusoire que prétend t'apporter
cet accessoire. Le masque est un peu utile, celui fait à la maison presque
autant que les réputés plus sérieux, je ne comprends toujours pas le rejet
brutal et définitif du « home made », surtout qu'à l'époque où les masques
« sérieux » manquaient, le « fait maison » était grandement encouragé par
ces mêmes autorités versatiles.
Moi, en y réfléchissant bien, je pense que la grande crainte de nos
gouvernants, c'était que pour les vaccins, ça fasse comme pour les
masques : réfléchis un peu à la situation : on manquait de masques, on les a
faits de bric et de broc, avec rien, avec tout, ça fusait de partout, la gaze, les
filtres à café, la gaze à pansement, l'imagination était au pouvoir, on aurait pu
faire des concours à qui aurait la meilleure idée la plus originale, c'était
presque joyeux, mais bon, dans ce monde de rigueur, de pisse-vinaigre,
c'était un peu l'anarchie, c'est vrai, on n'était pas là que pour rigoler. Pour les
vaccins, on n'en manque pas officiellement (on en attend seulement), mais
en vrai, on en manque cruellement (comme pour les masques naguère),
alors imagine, si les gens se mettent à faire des vaccins « faits à la maison »,
sur un coin de cuisinière, tu vois la catastrophe, chacun sa petite recette, ça a
bien marché pour les masques ! Non, on ne peut pas laisser faire ça, c'est
bien qu'ils y mettent le holà, avant même que les plus intrépides n'osent le
faire et nous les proposent sous le manteau. Note bien, si tu as un adepte de
l'homéopathie sur le coup, pratiquant la technique des dilutions, avec une
cuiller à café du produit de base et un peu de patience (et beaucoup d'eau),
tu as vite trois milliards de doses, et hop, problème réglé.
N'empêche que, cahin-caha, tant bien que mal, la campagne avance,
stimulée par des spots de publicité télévisée où des sommités du sport, du
spectacle, du monde des « peoples » comme on dit en français moderne,
disent se faire vacciner, agaçant même un peu ceux qui voudraient et
piétinent devant les centres de vaccination sans munitions et donc sans
plages de rendez-vous. Même le Ministre de la Santé s'est prêté de bonne
grâce à la vaccination devant les journalistes (il y avait eu un précédent avec
Roselyne), j'ai cru un moment que par la même occasion, il nous ferait un
spot publicitaire, pourquoi pas pour une culotte anti-fuites urinaires, après
tout, récemment encore une autre ministre vantait l'artiste capilliculteur qui lui
faisait son lissage brésilien (c'était avant le nouveau variant, maintenant
quand tu dis brésilien, les gens ont peur !). S'ils venaient à être démis du
gouvernement, je ne me fais pas trop de souci pour eux, il y a toujours de la
reconversion possible en homme(femme)-sandwich.
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